Mes Combats contre les autorités médicales en Irlande

Dr Jérôme Manuceau


En Irlande, contre le Collège Royal des Chirurgiens Irlandais et l'Ordre des Médecins.



Résumé

Au cours de l’année 2006 je n’ai donc pas soigné les personnes ayant l’Assurance Maladie. Mais comme je n’étais pas interdit d’exercice, j’ai continué à opérer des étrangers, en particulier des Irlandais. En Irlande, aucun chirurgien ne sachant poser un anneau gastrique aux obèses, une clinique privée irlandaise m’a demandé de venir opérer à Dublin. Les chirurgiens irlandais n’ont pas apprécié ma présence et m’ont accusé de « faire une chirurgie de très Haut Risque, en dehors d’un grand Hôpital ». En fait, en Irlande, il n’y a aucune législation concernant les cliniques privées. De plus j’opérais dans les mêmes conditions qu’en France.

Mon inscription à l’Ordre des Médecins Irlandais a été suspendue immédiatement. Un an plus tard j’ai eu droit à un véritable procès où je me suis défendu seul (les avocats irlandais sont hors de prix). Mon anglais étant limité et comprenant mal l’accent irlandais, ce fut un jeu de massacre pour leur avocat et leur experts qui n’étaient autres que ceux qui m’avaient attaqués. L’Ordre des Médecins Irlandais m’a finalement rayé de son registre, sur les arguments :

« mauvaises pratiques médicales » (pour des pratiques qui en France sont considérées comme de normales) et « omission de signaler l’interdiction de soigner les assurés sociaux en France, au cours de l’année 2006 ». En fait je n’ai pas signalé cette interdiction pour plusieurs raisons :

  • ce n’était pas une sanction disciplinaire, puisque la commission était paritaire ;
  • elle ne concernait aucune faute professionnelle ;
  • elle cachait en réalité, une sanction politique que m’ a infligé le Ministère de la Santé ;
  • en Irlande, il n’y a pas de procédure équivalente. Il n’y a que des procédures purement Ordinales ou Judiciaires. L’Ordre de Médecins Français, leur a fait croire qu’il s’agissait d’une sanction disciplinaire.

L’Ordre National des Médecins, sur la demande de l’Ordre des Médecins de Paris, vient de décider que je « ne remplissais plus les conditions de moralité nécessaires pour demeurer inscrit au tableau du conseil départemental de la Ville de Paris et devais être rayé de ce tableau ».

Tout le monde se souvient qu’en 2007, ce même Ordre National avait considéré comme parfaitement moral le comportement de certains membres de l’Ordre de Paris, alors que l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) avait relevé des rémunérations de certains conseillers « susceptibles d’être pénalement qualifiés ».

Le Conseil d'Etat a accepté mon Référé Libérté et a suspendu la décision de l'Ordre National des Médecins.


I - Les poursuites

Le problème a commencé lorsque le Pr Oscar Traynor, directeur du Narional Surgical Training Centre, a envoyé une lettre au Pr Gerry O'Sullivan, président du RCSI (Royal College of Surgeons in Ireland). Le Pr Gerry O'Sullivan a informé le Conseil médical et donné son avis.
Dans sa lettre, le Pr Oscar Traynor a signalé que quatre patients avaient des problèmes. Discutons de ces quatre cas.

1) Mme O. : il explique qu '"une courte période après la chirurgie, elle est devenue très malade et a été transférée à l'hôpital de Tallaght .... Lors de l'opération, le Pr Kevin Conlon a découvert une perforation .... avec une péritonite avancée. Il a procédé à une réparation de la perforation ... "
Mais, la lettre de sortie (GP Copy) ne mentionnait aucune perforation. Dans le tableau d'opération : aucune perforation et le résultat de l'échantillon ont disparu du tableau. Cela signifie qu'ils n'ont trouvé aucune infection.
Dans la lettre du Pr Kevin Conlon écrite six mois plus tard, nous lisons:
"lors de la mise en place de l'anneau gastrique, il y avait une perforation gastrique entraînant la formation d'un abcès intra-abdominal (...) au moment de l'opération, je pouvais voir que la zone en question s'était scellée par elle-même".
Mais le premier problème est que si une perforation existait, il ne pouvait pas la voir, car l'opération s'est faite derrière l'estomac et non sur la paroi avant. Le deuxième problème est que l’infection n'a jamais été prouvée.
Conclusion: Pr Kevin Conlon a raconté deux mensonges pour cacher son erreur. En réalité, il ne s'agissait que d'une infection pulmonaire et pour la détecter, il suffisait de faire une radiographie pulmonaire. En retirant l'anneau gastrique, il avait raccourci la vie de Mme O.

2) Mme C. : cette femme n'était jamais allée à l'hôpital. Son problème a été facilement résolu avec une compresse coagulante comme d'habitude. Mais l'anesthésiste avait peur et voulait s'assurer qu'en cas de problème, nous pourrions l'envoyer à l'hôpital.
Conclusion: ce n'était pas une complication mais une "complication potentielle".

3) Mme S.: tous les patients ayant un anneau gastrique, peuvent affirmer qu'ils n'ont jamais souffert de "douleur intense". Le problème était que cette femme avait tellement de graisse autour du ventre que le plus gros anneau était un peu serré. Alors, elle avait des difficultés à boire. Dans ce cas, nous mettons une perfusion et attendons quelques jours. Cette patiente a refusé et m'a demandé de retirer son anneau. Au cours de cette seconde opération, elle a eu une "aspiration", ce qui est en fait un problème d'anesthésie. Cela peut se produire pendant toute intervention chirurgicale et le chirurgien n'est pas directement impliqué. Généralement, quelques jours d'antibiotiques suffisent pour résoudre le problème.
Conclusion: j'ai été injustement considéré comme le seul responsable de ce problème d'anesthésie.

4) Monsieur G. : cet homme a eu une double greffe de rein et son obésité était en train de détruire ses reins. Je lui ai demandé de donner une lettre de son néphrologue, le Dr John Donohoe. Après l'opération, il a eu le même problème que Mme S. en avalant. Il a accepté d'attendre quelques jours avec du liquide par voie intraveineuse. En raison de son problème rénal, je l'ai envoyé à l'hôpital. Comme vous pouvez le voir dans le résumé de sortie, du Pr. D. O'Donoghue, il a été renvoyé chez lui quatre jours plus tard. Ainsi, "l'infection des voies respiratoires avec atalectèse et insuffisance rénale" du Pr Oscar Traynor n'avait jamais existé.

Conclusion générale: le Pr Oscar Traynor a menti à propos de chaque patient.


II - Enquête du Conseil Médical

1) J'étais seul pour me défendre, car je ne pouvais pas me payer un avocat.

2) Le comité savait que mon anglais était mauvais et que je ne pouvais pas tout comprendre. Quand j'ai demandé à l'interprète de m'aider, elle m'a répondu qu'elle était ici pour les deux témoins français et non pour moi.

3) Aucun des membres du comité et aucun des témoins n'était un spécialiste des anneaux gastriques.

III - Conclusion du Conseil Médical : Faute professionnelle. Pourquoi?

1) Mes patients n'ont pas été sélectionnés par une équipe multidisciplinaire (psychologues et diététiciens), ... "et que les taux de réussite des chirurgiens travaillant seuls ne seraient pas aussi satisfaisants".
Mais ils ont refusé de comparer mes propres statistiques à celles des meilleurs spécialistes de l'anneau gastrique. Cette comparaison aurait prouvé que les résultats étaient équivalents.
Ce n'était pas la première fois que je refusais d'obéir aux normes internationales: au début des années 90, nous étions quelques chirurgiens privés Français à inventer la chirurgie laparoscopique digestive (chirurgie par coelioscopie) contraires aux normes internationales de l'époque. Aujourd'hui, cette chirurgie est considérée comme la nouvelles norme internationale en chirurgie digestive.

2) Je "... n'avais pris aucune disposition adéquate en ce qui concerne la prise en charge de complications postopératoires (...) pour que ces traitements soient effectués dans un hôpital approprié".
Premièrement: 2 complications mineures sur 300 procédures, est un taux de complications équivalent à celui des meilleurs spécialistes de l'anneau gastrique.
Deuxièmement: en France, 80% des anneaux gastriques sont effectués dans des cliniques privées et non dans des hôpitaux. Et la France est le pays Européen le plus réglementé en matière de Santé.

3) "Dans ... une demande d'inscription au registre général des médecins ... dans laquelle il a confirmé qu'il n'avait jamais été soumis à une procédure disciplinaire par une autorité auprès de laquelle vous êtes ou avez été enregistré en tant que médecin agréé " dans des circonstances où il avait été interdit en 2005 par le Conseil national de l'ordre des médecins de traiter des patients relevant du système de la sécurité sociale française du 1er janvier 2006 au 31 décembre 2006."
C'est faux. Je n'ai jamais été suspendu par le Conseil national de l'ordre des médecins, comme vous pouvez le constater sur ce certificat. On m'avait interdit de soigner des patients faisant partie du système national d'assurance Français en 2006, qui dépend exclusivement du ministère de la Santé, à la suite du scandale insupportable de santé publique en Guadeloupe ( voir www.desirade-sante.com ). C'était une sanction politique, sans lien avec aucun patient.
Pour être honnête, le combat que j'avais mené au sein d'un petit groupe, lors de ces événements, pour rétablir la vérité, ressemblait au combat mené par les Irlandais pour conquérir leur indépendance.
Malheureusement, contrairement aux Irlandais, j'ai finalement perdu la bataille.

PAR CONTRE LES MENSONGES ÉVIDENTS DU Pr KEVIN COLON ET DU Pr OSCAR Traynor NE CONSTITUENT PAS UNE FAUTE PROFESSIONNELLE !!!


IV - Mes Conclusions

1) L’obésité est une maladie très grave (elle tue trois fois plus que le tabac). L'anneau gastrique est une chirurgie très peu invasive, et réversible sans décès. Les complications sont rares et jamais graves si le chirurgien est un "bon" spécialiste. Mais cela ne fonctionne que pour les personnes motivées. Le by-pass est invasif, irréversible, avec beaucoup de complications et de décès.

2) En un an, j'ai opéré à Dublin plus de 300 patients avec de très bons résultats statistiques. J'ai donc sauvé beaucoup de vies irlandaises. Mais le fait que trois patients soient allés à l'hôpital pour des problèmes mineurs semble être beaucoup plus important pour le RCSI et le Conseil médical.

3) Depuis 1990, j'ai effectué 15 000 opérations digestives par laparoscopie et 2 500 anneaux gastriques dans des cliniques privées, dans les mêmes conditions qu'à Dublin (80% des chirurgies en France sont effectuées dans des cliniques privées). Il se trouve que je dois envoyer des patients souffrant de complications à l'hôpital, comme tout autre chirurgien privé. C'est la façon normale de faire en France.
Mais en Irlande, cela est considéré comme anormal, quand il s'agit de MES patients.

4) L'anesthésiste et le chirurgien forment une équipe responsable de l'opération.
Cependant, j'étais seul au Conseil Médical.

5) Certaines interventions esthétiques sont plus invasives que les anneaux gastriques (l'abdominoplastie par exemple).
Mais tous les chirurgiens et anesthésistes continuent à travailler dans des cliniques privées sans problèmes.

ENFIN :

J'ai été jugé par des collègues qui n'avaient jamais posé d'anneaux gastriques et n'avaient même pas été en mesure d'organiser un service efficace de pose d'anneaux gastriques, dans aucun hôpital.

Le Conseil Médical Irlandais était plus intéressé par le fait de se débarrasser de moi que par la santé du peuple Irlandais.